Après la première étape de 44,5 km entre Huahine et Raiatea, la deuxième de 26 km entre Raiatea et Taha'a, les organismes ont été soumis à rude épreuve lors de la troisième étape entre Taha'a et Bora Bora. Quelques équipes ont pu faire tourner leur effectif lors de la deuxième étape, pour le reste, il a fallu s'accrocher pour arriver au bout des 129 km d'Hawaiki Nui Va'a 2018.
Le départ a été donné vers 7H30 près du village de Patio, à Taha'a. Les pirogues ont longé la côte sans être gênés par les bateaux suiveurs et supporters qui attendaient à la sortie de la passe. C'est la pirogue Toa Amok qui se place en tête dans cette portion de lagon, suivie par Team Opt, Ataiarapu, une autre pirogue de Bora, Edt A, Pirae Va'a, Shell Va'a et Edt Va'a, alors premier et deuxième au classement général avec à peine 17 secondes d'écart.
Shell Va'a va réussir à semer son poursuivant dans le lagon. Au niveau de la passe de Tiva, c'est toujours Toa Amok (Po Pora no te hoe mamu) qui est en tête. Dix mètres derrière, Shell Va'a, Team Opt et Ataiarapu sont au coude à coude. C'est ensuite au tour d'Edt Va'a et d'Air Tahiti de franchir la passe en direction de Bora Bora.
Une houle d'un mètre à un mètre cinquante arrive par l'arrière, assortie d'un vent d'environ 30 km/h qui vient lui aussi par l'arrière. Edt Va'a fait le choix de partir vers un cap plutôt à droite alors que Shell Va'a part plutôt à gauche. Comme chaque année sur les étapes inter-îles, les pirogues sont éparpillées sur de grandes distances. Certains bateaux officiels sont chargé de faire un « balayage », s'assurant que chaque pirogue est bien suivie par son bateau accompagnateur.
David Tepava, à la fois coach et peperu de Shell Va'a, est un spécialiste du surf. C'est finalement Shell Va'a qui arrive en tête à Turi Roa, le « poteau blanc » situé sur le récif à l'ouest de Bora Bora. Arrive ensuite avec trois minutes de retard Edt Va'a, puis Air Tahiti et Toa Amok. Les carottes sont cuites, à ce stade, sauf casse ou malaise, la victoire finale sera pour Shell Va'a. Et c'est bien ce qui va se passer.
Shell Va'a arrive en tête en 4H11'10 devant Edt Va'a en 4H16'14. Toa Amok, dans son lagon, parvient à dépasser Air Tahiti pour s'offrir une belle place sur le podium de la troisième étape. Après six éditions, Shell Va'a renoue enfin avec la victoire, sa septième sur cette course. Elle s'impose au classement général devant Edt Va'a et Air Tahiti. Un doute subsiste quant à l'application ou non de pénalités dus aux alignements de départ qui ont été, cette année encore, difficiles à obtenir, notamment à Raiatea.
Ainsi s'achève cette Hawaiki Nui 2018, une édition réussie tant au niveau du spectacle que de l'organisation. Tahiti Infos remercie le comité organisateur d'Hawaiki Nui Va'a, Elise Maamaatuaiahutapu, Alfred Mata, Rodolphe Apuarii, Henri Guilbaut, Gino Colombel, Alexandre Wholer, le commissaire de course Sylviane, le capitaine Wilfred et son adjoint Benjamin. SB
Parole à David Tepava :
Cela faisait un moment que tu attendais cette victoire ?
« Ah, c'est sûr ! Six ans ! Trois ans en étant mis de côté, à la retraite on va dire. Mais c'est grâce à ça aussi que j'ai été motivé toute l'année, pour prouver que ce n'est pas une question d'âge, c'est une question de volonté. Je tiens à remercier tous les gars pour ça, le staff, le patron Albert Moux surtout, qui ont cru en moi et en l'équipe. »
Beaucoup d'émotion pour cette victoire d'équipe ?
« On a commencé cette année à mettre en place cette nouvelle équipe. Avec tous ces résultats que l'on a eus, c'est sûr que la dernière c'est la plus belle. Mission accomplie. On a pu gagner grâce à l'entente, aux entrainements peut être. Avant la course, j'ai toujours dit qu'on était prêts pour gagner. Après, il faut juste confirmer le jour J, et c'est ce que l'on a fait. »
Tu as joué un rôle important en tant que barreur aujourd'hui ?
« C'est sûr, vu qu'il y avait du surf, il fallait faire la différence dans les vagues. Houle courte, houle longue, il faut être bon partout, peut importe les conditions. Il faut le feeling, ce n'est pas donné à tout le monde. Il faut la vision. Chacun a sa vision. Il faut savoir lire la mer, c'est ce qui fait la différence. »
Un dernier mot, un remerciement ?
« Je remercie d'abord mon fiston, ma femme qui me soutient chaque jour, si elle n'était pas là, je ne serais pas à ce niveau là. Ensuite merci aux copains, qui ont bien cru au programme et qui ont cru en moi. Et bien sûr notre grand patron, Albert Moux. Grâce à lui, on est là aujourd'hui. Il met les moyens et avec ces moyens-là, tu ne peux pas ne pas gagner. On a prouvé aujourd'hui qu'on était là, félicitations à tout le monde. Rendez-vous l'année prochaine. » Propos recueillis par SB
Parole à Steeve Teihotaata :
Ton analyse de la course ?
« Belle course, avec du spectacle. On a eu un peu plus de petits pépins dans le club que d'habitude. C'est ce qui a fait qu'on a repris seulement il y a une semaine et demie. Mais pas d'excuse, on a fait de notre mieux. On a pris un bon départ, notre objectif était de rester près des copains de Shell. Après le départ, on a eu un petit cafouillage avec une pirogue dans le lagon vingt minutes après le départ. Shell était à notre droite, ils ont eu une super vague et ils nous ont mis deux cent mètres en peu de temps. »
« Quand tu perds deux cent mètres alors que tu n'as pas prévu de les perdre, tu essayes de compenser. On a pris ensuite le cap prévu, pour longer le récif puis surfer direct sur Turi Roa mais on a perdu de l'énergie. A dix minutes de Turi Roa, on était sur la même ligne que Shell mais eux étaient à gauche. Cela s'est joué à ce moment là, ils nous ont bouffés ! (rires) Vu qu'on avait quinze secondes de retard, cela a détruit nos espoirs de victoire. Rattraper ce genre d'écart avec un vent de face dans le lagon c'est quasi impossible. »
Quatre victoires, il faut partager un peu ?
« Si on avait gagné une cinquième fois, il n'y aurait personne sur la plage l'an prochain ! Je suis content pour le spectacle qu'il y ait un autre gagnant cette année, même si on voulait gagner notre cinquième fois, mais bon, on s'est battus. (…) On finit deuxième, ce qui est plus que bien avec le peu d'entrainement qu'on a eu. Encore une fois, ce n'est pas une excuse, on est tous une belle famille qui aime le va'a et qui s'aime et on se retrouvera tous l'an prochain. »